Pas à pas - Une ferme en automne

Nous allons détailler ce paysage qui traduit l'ambiance d'une vieille ferme italienne en automne. Plusieurs problèmes se sont posés à nous. Tout d'abord recréer la profondeur du sous-bois sur la gauche et estomper la colline en arrière-plan derrière les branchages du grand arbre. En revanche, la prairie et le bâtiment n'ont demandé que peu de travail si ce n'est de bien préparer ses couleurs et positionner les zones lumineuses avec discernement.

Nous avons utilisé strictement la palette ci-dessous :

Bleu de Prusse - Bleu outremer - Bleu de ceruleum - Vert émeraude - Vert anglais - Vert clair - Ocre jaune - Jaune citron - Jaune de cadmium - Jaune de Naples - Orange - Rouge vermillon - Laque de garance - Terre de Sienne (brûlée) - Terre d'Ombre (naturelle et brûlée) - Noir - Blanc (grand tube).

La répartition sur la palette se fera en respectant l'ordre des couleurs que nous vous indiquons, c'est-à-dire des couleurs froides aux couleurs chaudes, le noir étant posé à part.

Pratiquement toutes les couleurs de ce tableau ont été obtenues par mélange. Comme il est impossible de vous donner exactement les proportions de chaque tube nous nous contenterons d'indiquer les couleurs constituantes avec quelques indications de quantité du type un petit peu ou très peu...

Commençons donc par réaliser un croquis léger à la terre d'Ombre brûlée très diluée à la térébenthine. Utilisez pour cela un pinceau pointu fin et surtout ne faites pas couler la couleur sur la toile. Le trait doit rester précis et suffisamment clair pour disparaître derrière les premières couches de peinture à l'huile. Nous aurions pu aussi réaliser un croquis au crayon HB ou au fusain.

Le sous-bois : Cette partie du tableau a été réalisée en plusieurs séances avec des pinceaux plats et pointus de taille 2 et 4 en martre. Lors de la première séance, nous avons posé la couleur du fond ainsi que quelques indications des petits troncs d'arbres dans le lointain. Utilisez une bonne part de terre de Sienne mélangée avec de l'ocre jaune et très peu de rouge vermillon. Pour foncer cette couleur automnale on se servira de terre d'Ombre brûlée. Les rehauts lumineux (obtenus en ajoutant du jaune de céruleum et très peu de blanc au mélange précédent) que vous apercevez entre les troncs d'arbres ont été peints à la brosse de martre fine après séchage complet de la première couche pour ne pas salir les couleurs et garder cette fraîcheur caractéristique de la peinture à l'huile.


Photo agrandie deux fois pour bien apprécier le travail
de mise en place des couleurs de fond et des détails.

Le fond foncé du tronc du grand arbre a été peint au cours de la deuxième séance de travail. Nous avions fait attention à bien réserver cette partie afin d'éviter de surcharger en épaisseur cette zone qui doit rester fine. Les zones lumineuses (mélange de jaune de Naples, blanc ocre jaune, terre d'Ombre brûlée, bleu de Prusse) sont appliquées après quelques heures de séchage seulement (afin que la couche inférieure ait légèrement durci) pour éviter que les rehauts ne soient salis par mélanges intempestifs, mais aussi afin de lisser légèrement les bords de vos ajouts clairs pour les intégrer au tronc.


Photo agrandie deux fois

Réussir le bâtiment : La ferme est peinte avec un pinceau plat en martre exactement de la largeur des pierres. Afin d'obtenir une impression satisfaisante de relief nous avons tout d'abord préparé sur notre palette toutes les couleurs nécessaires à la réalisation de cette zone. Comme vous pouvez le constater sur ce détail agrandi, nous avons utilisé les couleurs précédentes des branchages en ajoutant des gris obtenus par mélanges supplémentaires de bleu et de blanc en quantité variable. Les verts sont quant à eux le fruit d'associations de différentes proportions de vert anglais, ocre jaune, bleu outremer, jaune citron et jaune de cadmium, ainsi que de blanc. S'il est difficile de vous donner exactement chacune des proportions, en revanche vous pourrez constater qu'il est impératif de multiplier les différentes nuances de vert sur une même zone pour obtenir un effet naturel lumineux. De grands aplats uniformes seraient du plus mauvais effet et feraient penser immédiatement à du coloriage. Exceptionnellement, nous avons utilisé directement un peu de noir ajouté à du vert foncé pour peindre les zones d'ombre sur les côtés de la maison et le chemin. Il est préférable de créer soi-même les teintes foncées à partir de mélange de bleu de Prusse et de terre d'Ombre brûlée ou même de terre de Sienne brûlée afin de leur donner plus de profondeur que le noir trop rigide.

Eclairez vos rochers : Les pierres du premier plan sur la droite sont peintes au même moment que l'herbe avec des brosses plates fines. Le travail a consisté à poser de petites touches de couleurs claires directement sur le fond vert encore frais sans salir ces rehauts presque blancs. Pour cela, préparez vos teintes à l'avance en quantité suffisante puis passez délicatement le plat du pinceau sur le mélange (comme avec un couteau à peindre) pour bien en charger le poil puis déposez cette pâte en une seule fois sur la couleur fraîche du fond. Ne revenez surtout pas sur votre coup de pinceau car il ne faut pas que les différents niveaux se mélangent. Si c'est raté, grattez légèrement la zone avec un couteau truelle puis recommencez. Les rehauts blancs sont obtenus par mélange de blanc de titane et d'une pointe de jaune de Naples.

Donnez du relief à vos arbustes : Les troncs d'arbre clairs de la zone droite du tableau sont peints en deux fois. Tout d'abord, vous dessinerez votre tronc (mélange de blanc et de jaune de Naples) puis vous ajouterez au pinceau fin une zone d'ombre sur le côté et le long du tronc. Même méthode que pour les pierres: vous devez travailler dans le frais pour réussir votre effet. Remarquez les rehauts lumineux de verts mélangés à du blanc sur le devant de la prairie. Ces derniers sont ajoutés tout à fait à la fin du tableau lorsque celui-ci est presque sec.

Réussir les branchages : Il faut trois séances de travail pour réaliser cette partie importante du tableau. Tout d'abord il y a la pose des fonds maigres (dilués à l'essence de térébenthine) encore légèrement visibles à droite derrière les branches entre les feuilles. Deuxième étape après séchage, dessiner les branches et placer les feuillages foncés sur les branchages (voir les mélanges des sous-bois). Après séchage complet (la peinture peut sembler humide au toucher mais ne doit plus se déposer sur les doigts) on passera à la pose de rehauts plus clairs (mélange de différents terre de Sienne, ocre jaune et même verts). Enfin, de petites touches de blanc mélangé à très peu de jaune de Naples donneront plus de relief aux branches.

Conclusion

Ce tableau abordable par les débutants a été réalisé en moins de deux semaines en comptant les temps de séchage entre chaque séance. Il ne pose pas de grandes difficultés mais nécessite de la patience et une bonne précision du dessin. A votre tour, essayez de trouver une photographie dans le même esprit en limitant toutefois le sujet à un ou deux éléments maximum pour commencer (un gros arbre + une maison, par exemple). Inutile de vouloir se lancer dès le début dans une composition trop complexe qui risquerait de vous décourager. Copyright © FM-CDD 2005

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